L’Europe refuse d’interdire le porno sur le web

C'est pour lutter contre les stéréotypes véhiculés par les films X et pour la protection de la dignité de la femme que la députée européenne Kartika Tamara Liotard voulait faire interdire le porno à l’Europe mais les visites ne tariront pas de sitôt sur les sites classés X. Les députés européens ont refusé mardi de contraindre les Etats à interdire tout contenu pornographique dans les médias, y compris sur le Net.

«L'interdiction de toutes les formes de pornographie dans les médias, ainsi que de la promotion du tourisme sexuel». Des mots qui avaient suscité la colère des défenseurs des libertés publiques. Plus de 500 000 courriels de protestation avaient été adressés aux députés pour leur demander de ne pas approuver cette phrase, selon le porte-parole du Parlement, Jaume Duch Guillot. Mais les nuages qui planaient sur les sites pornographiques se sont dissipés mardi en milieu de journée. Les députés européens ont accepté une résolution sur la lutte contre les stéréotypes hommes/femmes, sans toutefois pousser jusqu’à l’interdiction de la pornographie.

C’est pourtant ce que demandait la Néerlandaise Kartika Tamara Liotard (Gauche unitaire européenne), rapporteuse pour la Commission des droits de la femme et de l’égalité des genres. Mardi, les députés ont finalement voté le rapport sans la mention controversée. Le texte adopté se contente de réclamer des «mesures concrètes» mais non contraignantes contre toute forme de discrimination. Chaque Etat gère donc cette matière comme il l’entend. Que les amateurs du genre se rassurent, le pays du sexe virtuel ne fermera donc vraisemblablement pas ses portes même si l’Islande en parle.

L’Islande contre le « virtual sex »

Le ministre islandais de l’Intérieur, Ögmundur Jónasson, élabore un projet de loi pour bloquer l’accès aux sites pornographiques sur l’île par l’entremise des ordinateurs, des téléphones intelligents et des consoles de jeux vidéo.

«Nous devons être en mesure de discuter de l’interdiction de la pornographie violente, dont tout le monde convient qu’elle a des effets nuisibles sur les jeunes personnes et qui est clairement reliée avec la fréquence de crimes violents», a déclaré le ministre en février 2013. Et de poursuivre : «Si nous pouvons envoyer un homme sur la Lune nous devons être en mesure de lutter contre la pornographie sur internet», a déclaré le conseiller politique du ministre de l’Intérieur, Halla Gunnarsdóttir.

Le bannissement de la pornographie sur l’île de 320.000 habitants n’est pas tiré par les cheveux. Le pays a déjà aboli la pornographie sur les imprimés, mais pas sur le web. Le geste ferait de l’Islande le premier pays occidental à tenter de censurer internet. (AD et AFP)