Prostitution : Un quartier rouge à Schaerbeek ou pas ?

L'enquête publique pour le projet Villa Tinto, l’installation d’une maison de plaisirs au coin de la rue d’Aarschot, à Schaerbeek, s'est achevée hier. Plusieurs pétitions ont été en effet déposées par les riverains pour dire non au projet d’un homme d’affaire anversois. La commune, qui estime que l’on ne ferait qu’augmenter l’offre de prostitution, y est également totalement opposée.

A l’identique de son premier projet immobilier sur Anvers, le promoteur Franky De Coninck propose d’ouvrir le pendant de sa Villa Tinto N°1, une Villa Tinto N°2 à l’emplacement d’un car wash de la rue d’Aarschot, un projet mêlant une galerie de vitrines et 37 chambres destinées à la prostitution avec un ensemble de 43 logements moyens, 5 commerces et 62 places de parking. Le centre de prostitution est présenté comme une alternative possible aux vitrines de rue existantes.

Mais les voisins ne l’entendent pas de la même oreille. Plus de 400 signatures émise par l'association des commerçants et une seconde rassemblant une vingtaine de personnes, indique Cécile Jodogne (FDF), échevine en charge de l'Urbanisme à Schaerbeek, ont été déposées. Quatre courriels et huit courriers ont également été envoyés en réaction au projet. La commission de concertation se réunira le 21 mars prochain.

Une augmentation de l’offre de prostitution

Pour le promoteur, un centre de prostitution est une alternative décente qui délimite et sécurise la prostitution. Mais pour Cécile Jodogne, ce projet ne constitue qu'une augmentation de l'offre de prostitution: "La situation à Schaerbeek est différente de celle d'Anvers. De nombreux salons de prostitution ont introduit des demandes pour se mettre aux normes du règlement de police et d'urbanisme pris en juin 2011, conjointement avec Saint-Josse. Nous ne pouvons pas exproprier ces commerces."

Villa Tinto et le quartier rouge d'Anvers

Il n'y a pas si longtemps encore, le quartier marin d'Anvers – qu'on appelle le Quartier Rouge – était le domaine des marins russes, des tavernes grecques et des prostituées en vitrine. Mais en 2005, les rues du quartier furent réaménagées et rendues piétonnières, et les façades des maisons et les commerces rénovées. Villa Tinto se trouve au cœur du quartier remis à neuf. Cette ancienne maison de commerce a été transformée en maison close et une centaine de prostituées s'y relayent jour et nuit. Plus surprenant, un petit panneau bleu de la police indique qu'un commissariat est établi dans le complexe. Un loft construit au-dessus de la Villa Tinto abrite également un cabinet médical et une maison d'hôtes. Un alchimie réussie, semble-t-il entre le monde du jour et le monde de la nuit. (AD)