Dopés, des joueurs de foot donnent naissance à des handicapés Sport
Dopés, des joueurs de foot donnent naissance à des handicapés
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Dopés, des joueurs de foot donnent naissance à des handicapés

Au moins sept joueurs algériens qui ont disputé les Mondiaux de foot de 1982 et 1986 ont enfanté des filles et des garçons gravement handicapés. L’équipe de foot d’Algérie a-t-elle été dopée à son insu par des médecins ayant officié en équipe nationale ? Des joueurs réclament l'ouverture d'une enquête, peut-on lire sur le site de Rue89.

Les faits

Des joueurs ayant évolué au sein de cette équipe algérienne durant les années 1980 ont donné naissance à des enfants souffrant de graves déficiences mentales et physiques. Ces sept joueurs sont Djamel Menad, Kaci Said, Tej Bensaloua, Mehdi Cerbah, Mohamed Chaïb, Abdelkader Tlemçani et Salah Larbès. Pour l'heure, seul trois, Kaci Said, Menad et Chaïb, ont décidé de s'exprimer publiquement sur cette affaire. Ils sont convaincus que les déficiences de leurs enfants sont directement ou indirectement liés à des produits qu'ils auraient consommés à l'époque où ils évoluaient au sein de l'équipe nationale.

Dopage systématique d’une époque révolue ?

Si rien, absolument rien, ne permet pour l’instant d'attester que ces handicaps sont liés à des produits, il existe néanmoins des certitudes troublantes et des corrélations avérées à une époque où les faits de dopage, moins « contrôlés » qu’au jour d’aujourd’hui, étaient quasiment systématiques dans de nombreuses disciplines sportives.

Expert allemand de la lutte antidopage, professeur de biologie, ancien cycliste, Werner Franke a longtemps travaillé sur le cas de dopage en RDA durant les années 1970 et 1980. Dans un livre intitulé « Doping Dokumente », publié en 1991 avec sa femme Brigitte Berendonk, spécialiste de pentathlon, Werner Franke cite le cas de centaines d'athlètes est-allemands à qui l'ont avait administré des substances dopantes pour améliorer leurs performances sur les stades. Il écrit : « Nous avons la preuve qu'un véritable programme de dopage avait bel et bien existé entre 1968 et 1989 pour plusieurs centaines d'athlètes dans les disciplines les plus variées. Plus de trois cents médecins et scientifiques y ont participé, la plupart étant des médecins du sport ou des spécialistes de l'endocrinologie, de la pharmacologie, de la physiologie ayant un diplôme de sciences de l'entraînement. »

10.000 athlètes est-allemands dopés, 1000 gravement malades

Entre les début des années 70 et 1989, le dopage systématique mis en place en RDA a concerné environ 10.000 athlètes. Rolf Gläser, 58 ans, ancien entraîneur de natation, était un spécialiste du dopage. En 1998, il avoue avoir fait avaler à six jeunes nageuses, de 1976 jusqu'au début des années 80, des comprimés d'oral-turinabol, un stéroïde anabolisant destiné à améliorer leurs performances. Résultats : un millier de ces sportifs ont contracté de graves maladies. Mais surtout, ils ont donné naissance à des enfants souffrant de malformations congénitales et autres déficiences.

Karen Koenig ex nageuse est- allemande, championne d'Europe du 4x100 et 4x200 m crawl en 1985, Karen a eu un enfant « anormal ». Sa collègue Barbara Krause a eu deux enfants victimes de malformations aux pieds. Lors du procès qu'elle a intenté en 2000 à ses deux médecins, Karen Koenig raconte : « On nous donnait des pilules trois fois par jour. Parfois, on arrivait à les jeter car on se rendait compte que les vertiges, les boutons, les dépressions, ce n'était pas normal. Mais l'entraîneur vérifiait qu'on les prenait bien. Beaucoup de gens pensent aujourd'hui que nous étions folles de nous doper pour décrocher une médaille, mais nous n'avions pas le choix. »

Christiane Knacke-Sommer, médaillée de bronze aux JO de 1980, raconte, elle aussi, comment ses médecins lui faisaient avaler des pilules « rouges, jaunes, vertes et bleues ». En 1983, elle met au monde une fille. Six mois plus tard, celle-ci tombe malade et luttera entre la vie et la mort pendant dix-huit ans. Diagnostic du médecin : déséquilibre hormonal dû aux pilules prises par sa mère.

Sur 50 nageuses de l'ex-RDA, 10 ont développé un cancer de l'utérus ou ont eu un bébé mal formé. Parmi les produits administrés aux athlètes est-allemands figurent donc les stéroïdes anabolisants.

Et l’équipe de foot algérienne ?

« Nous sommes au moins six joueurs de l'équipe nationale à avoir au moins un enfant né handicapé. Ce n'est pas une simple coïncidence, et il est temps pour nos responsables d'ouvrir une véritable enquête pour connaître la cause de ce phénomène», revendiquent les joueurs.

Y a-t-il des liens entre les handicaps vécus par les enfants de ces internationaux et des produits supposés dopants qu'ils auraient ingurgités durant les années 1980 ? Les déficiences mentales et physiques dont souffrent leurs enfants relèvent-elles de la coïncidence ou sont-elles plutôt les conséquences d'un dopage pratiqué à l'insu des joueurs ou/et des dirigeants ? Est-ce les mêmes pilules administrées aux sportifs est-allemands que les médecins donnaient aux joueurs de l'équipe nationale algérienne ? C’est ce que l’enquête permettra très certainement de révéler mettant ou non en exergue l’éventuel lien de causalité entre dopage et handicap. (AD)

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